La dissertation de lettres au baccalauréat : pourquoi ? Comment ?

Note : même si des sujets de "l'ancien bac" (dissertations générales) sont utilisés en exemple, cette fiche est faite pour le nouveau bac (dissertation sur oeuvre).

la dissertation, pourquoi?

Une dissertation cherche avant tout à répondre à un problème posé par la littérature, à quelque chose qui ne fait pas consensus dans le monde littéraire. Ce problème ne peut pas être :

  • Trop général (ex : qu’est-ce que la littérature?)
  • Trop précis (comment les conjonctions de coordination influencent-elles l'écriture de Diderot au XVIIIe siècle?)
  • Le sujet de dissertation laisse donc inévitablement la place à plusieurs interprétations, parfois même opposées les unes aux autres :

    En vous fondant sur des exemples puisés dans le corpus et dans votre expérience de spectateur, vous vous demanderez dans quelle mesure la mise en scène renforce l’émotion que suscite le texte théâtral. (Bac ES-S 2015, métropole)

    Cependant, la dissertation ne se résume pas à un simple oui, car... / non, car... ; Par exemple, ici, dire que « non, la mise en scène n’est pas importante pour l’émotion » reviendrait à réduire le théâtre à son état de texte et à limiter excessivement le sujet, tandis que dire que « oui, la mise en scène est importante pour l’émotion » sans aller plus loin reviendrait à réfléchir sur une vérité déjà établie dans le théâtre et à garder une réflexion très limitée. De fait, il faut ici se pencher un peu plus sur le sujet, et voir où est le vrai nœud du problème, se demander « qu’est-ce-qui, vis à vis de ce sujet, ne fait pas consensus? ». Ici, on pourrait s’interroger sur la répartition de l’émotion au sein du processus théâtral, à l’équilibre entre texte et mise en scène

    Dès lors, la question ouvre beaucoup plus de pistes de réflexions :

    Le sujet de dissertation peut prendre trois formes :

    l'analyse de sujet

    De fait, comment analyser le sujet d’une dissertation ? Il faut tout d’abord repérer les mots importants du sujet, ainsi que la manière dont ils sont mis en relation

    Exemple : un personnage de roman peut-il se concevoir sans souffrance ni désillusion ? (Bac ES-S 2008, Polynésie Française)

    Un personnage : sujet qui porte sur la caractérisation, la valeur du personnage (fictif) dans l’oeuvre (ne pas parler de style, de narration, du genre autobiographique…). Un personnage ≠ le personnage principal

    De roman : traiter UNIQUEMENT du genre romanesque

    Peut-il se concevoir : à comprendre dans le sens « peut-il être envisagé »

    Souffrance & désillusion : troisième élément important, étude des rapports du personnage de roman à la souffrance & à la désillusion

    Sans…ni… : les grands éléments s’organisent selon un rapport de distinction : l’un peut-il exister sans l’autre ?

    À partir de là, chercher des grandes idées, des grands points qui vous sont évoqués par le sujet; et, dans la mesure du possible, toujours relier une idée à une partie de l’œuvre.

    composition du plan

    À partir de ces grandes idées, les regrouper en plusieurs grandes parties (2 ou 3) dialoguant les unes avec les autres et montrant un raisonnement logique

    Pour la problématique, on peut :

  • Reformuler celle du sujet afin d’approfondir la réflexion, de rendre le « noeud » du problème plus évident (mais attention au risque de Hors-Sujet!!)
  • Garder la même problématique, éventuellement en modifiant légèrement sa formulation
  •  

    Exemple : un personnage de roman peut-il se concevoir sans souffrance ni désillusion ?

     

    Pb : Quelle place accorder à la souffrance & à la désillusion dans la construction du personnage de roman ?

    I. La souffrance & la désillusion comme moyens de réflexion sur la psychologie & l’environnement du personnage

    II. La souffrance & la désillusion, éléments superflus du personnage de roman ? L’espoir & la force comme moteurs

    III. Plus qu’une question de caractérisation du personnage, une question de construction de l’oeuvre ?

    l'introduction

    L’introduction, comme pour le commentaire de texte, se compose de 4 parties :

    Accroche

    L’accroche peut être :

  • Une référence à une autre œuvre qui traite du sujet évoqué par l’oeuvre (antérieure)
  • Une citation tirée de l’oeuvre en relation avec le sujet
  • Une citation d’un texte critique sur l’oeuvre, en relation avec le sujet
  • Une citation ou référence à un ouvrage théorique en lien avec le sujet
  • Étude du sujet

    L’analyse du sujet doit être une version plus formelle du brouillon : elle doit contenir un résumé des différentes idées et pistes évoquées par le sujet. Dans la mesure du possible, essayer d’enchaîner toutes les idées logiquement ; utiliser des connecteurs tels que « ainsi », « de fait », « conséquemment », « c’est pourquoi », « de plus », « l’on peut aussi penser que », « cependant », « toutefois », « néanmoins », etc...

    Problématique

    voir partie précédente

    Annonce du plan

    voir partie précédente

    Les sous-parties

    Comment construire une sous partie ? Chaque sous-partie doit se composer de trois éléments :

    L’argument

    L’argument est la justification de la thèse développée dans la partie en question. Il répond à deux « pourquoi » :

  • Pourquoi est-ce que je défends l’idée que j’ai énoncé dans ma partie ?
  • Pourquoi est-ce que l’œuvre que je vais citer est importante pour mon idée ?
  • l'exemple

    L’exemple : il sert à prouver l’argument, à montrer que celui-ci n’est pas une invention sans fondement de la part de l’élève mais bien un fait avéré dans certains passages de l’oeuvre. il peut être tiré de l’oeuvre sur laquelle porte la dissertation (évidemment), mais aussi :

    L'analyse de l'exemple

    Elle répond à la question « comment » : Comment est-ce que l’exemple que je viens de citer apporte quelque chose à mon argument ? Il s’agit de développer, en quelques lignes, l’intérêt de l’exemple ; cela peut donc passer par une étude et une analyse de la caractérisation des personnages, du style (figures etc.), de l’importance de CE passage au sein de l’oeuvre… Cela permet de montrer que le choix de l’exemple est logique, et non pas aléatoire.

    conseils de rédaction des sous-parties

    Mettre, dans la mesure du possible, les sous parties dans un ordre logique et cohérent : Dans une dissertation idéale, chaque sous-partie en amène une autre de manière parfaitement cohérente. Dans les faits, cela doit être le cas autant que possible, mais si deux sous-parties s’enchaînent sans réel lien, passer par des tournures telles que « de plus », « en outre », « d’ailleurs », « nous pouvons aussi voir que... »

    Entre les parties, insérer des transitions qui reprennent les grandes idées de la partie précédente, et annoncent dans un enchaînement logique celles de la suivante. En termes de fluidité, la dissertation doit être bien plus proche de la rivière que du bourbier !!!

    La conclusion

    Tout comme dans le commentaire de texte, elle est composée de trois parties :

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