Ecrire à partir d’un texte : points de méthode
Au brevet, vous aurez une épreuve d’écriture – d’invention ou d’argumentation, au choix. Celle-ci demande à la fois une maîtrise du texte sur lequel vous vous fondez, ainsi qu’une maîtrise des règles d’écriture d’invention, autant sur la forme (maîtrise de la grammaire, de la conjugaison) que sur le fond (créativité, capacité à garder le style et l’univers de l’auteur d’origine…).
nous allons donc reprendre quelques points de méthode pour l’épreuve de rédaction du brevet, mais aussi et surtout pour écrire dans la vie de tous les jours.
I. L’écriture d’invention
l’écriture d’invention demande donc tout d’abord une maîtrise du texte originel. Pour cela, il faut lire le texte plusieurs fois :
- dans un premier temps, pour en comprendre le sens général : de quoi le texte parle, qui sont les personnages principaux, où et quand l’action a lieu (lorsque cela nous est connu ; cela peut être général : la nuit, à la campagne ; comme très précis : dans le palais de Rome, en 217 ap. JC.), ce qu’il se passe durant le récit.
- dans un deuxième temps, pour comprendre les éléments formels et stylistiques du texte : temps, mode et voix des verbes, choix du registre de langage, de la tonalité, des figures de style, etc.
- dans un troisième et dernier temps, pour identifer les grandes thématiques soulevées par le textes la manière dont il les traite et l’objectif de ce traitement, et éventuellement, quelques études sur la signification de certains termes, sur le choix de certaines expressions, etc.
à partir de ces informations, il va falloir lire l’énoncé de l’exercice, et identifier quels éléments sont importants pour celui-ci (quelques vers/phrases, un personnage, etc...), ainsi que les demandes concernant la forme (choix du temps, de la personne, etc.) et commencer à rédiger le texte.
l’écriture d’argumentation
celle-ci est généralement plus détachée du texte, et ne demande pas une lecture aussi précise. Il faut néanmoins identifier les grandes thématiques littéraires et artistiques abordées par le textes, car ce sont généralement celles-ci qui vont constituer le point de départ du sujet.
il faut ensuite identifier la question posée par le sujet, ainsi que le domaine dans laquelle celle-ci est posée (la littérature, le théâtre, l’art, etc.) et commencer à formuler votre opinion sur celui-ci
enfin, à partir de cette opinion, il faut chercher plusieurs arguments (des « raisons », permettant de justifier cette opinion), ainsi que, pour chaque argument, au moins un exemple. En fonction du sujet, ceux-ci peuvent être issus d’œuvres étudiées en cours, mais aussi d’œuvres que vous avez pu lire hors des cours. Au niveau brevet, les professeurs sont encore assez cléments concernant le choix des œuvres littéraires : bien que citer des œuvres « classiques » (de la littérature française ou étrangère, les deux sont acceptables) soit nécéssaire, il est parfaitement acceptable de citer des œuvres qui ne font pas partie des œuvres « classiques » étudiées à l’école, voire même, dans certains cas, des formes de livre moins reconnues (BDs, Mangas, etc.). De fait, faites-vous plaisir en lisant ce que vous voulez, cela vous sera toujours utile !
III. La forme
1. Les registres de langage
On a généralement l’habitude de dire qu’il y a quatre registres de langage :
- Soutenu : la langue formelle et officielle, utilisée par exemple dans les grandes récéptions, lors d’entretiens d’embauche, etc. C’est la langue à utiliser dans un cadre officiel, dans des écritures d’invention sur des textes classiques, et idéalement dans un texte argumenté.
Exemple : Avez-vous prêté attention à la luxueuse voiture dont il vient de faire l’acquisition ?
- Courant : c’est le langage à utiliser dans la vie de tous les jours, avec vos professeurs, des commerçants, etc. C’est la langue à utiliser dans un cadre quotidien, dans des écritures d’invention sur des textes contemporains, ou bien dans lex textes argumentés, lorsque vous n’arrivez pas à utiliser le registre soutenu ou que vous pensez qu’il vaut mieux passer par ce registre de langage.
Exemple : Tu as vu la superbe voiture qu’il a acheté ?
- Familier : c’est le langage utilisé dans un cadre très informel, celui de la famille, des amis, etc. On y range tous les mots du « vocabulaire de la rue », de l’argot, etc. Il convient de ne pas l’utiliser lors d’une expression écrite pour l’école, hormis dans le cadre de dialogues chez certains auteurs du XXe – XXIe siècle qui ont un style très oralisé (L.-F. Céline, H.S. Thompson, W. Mouawad, etc.)
Exemple : T’as vu la caisse de ouf qu’il s’est payé ?
- Vulgaire : c’est le langage du « gros mot », de l’insulte, de l’injure. À bannir complètement des rédactions.
2. La tonalité
la tonalité est la manière dont un texte aborde un sujet. Elle est différente du genre de l’oeuvre, de son sujet, de sa période, ou encore de son registre de langage. Voici un résumé des différentes tonalités (ou différents registres) d’un texte.
- La tonalité tragique : il s’agit d’une tonalité évoquant la tristesse, la gravité et la puissance du malheur. Elle est généralement liée à la mort, à la séparation, mais aussi à la noblesse des sentiments de ceux qui la ressentent.
Exemple : Britannicus, Racine
- La tonalité épique : c’est la tonalité des récits de héros. Elle st souvent grandiloquente, impressionnante, et est généralement liée aux figures héroïques, aux grandes batailles, etc.
Exemple : Perceval ou le conte du graal, Chrétien de Troyes
- La tonalité pathétique : c’est la tonalité de la pitié. Elle cherche à nous faire avoir de la compassion pour le narrateur ou un des personnages, et est souvent associée aux thématiques de la tristesse, des larmes, des pleurs, etc.
Exemple : « A monsieur A.L. » in Pauvres Fleurs, Desbordes-Valmore.
- La tonalité merveilleuse : c’est la tonalité du conte. On y retrouve des princesses, des chevaliers héroïques, des monstres, des dragons, des fées, et tout ce type d’imaginaire.
Exemple : Le Chat botté, Charles Perrault
- La tonalité fantastique : c’est la tonalité du récit d’horreur. On y retrouve la thématique du monstre et de la sorcière, mais à la différence du merveilleux, on ne les comprend pas, on ne les accepte pas, et elles représentent une source de peur plus qu’une aide ou une épreuve.
Exemple : le Horla, Maupassant
- La tonalité réaliste : c’est la tonalité du « vrai ». Elle ne contient que peu de marques d’émotions fortes, cherche avant tout à décrire et à montrer un récit cohérent, et ne comprend pas d’éléments du merveilleux. On y retrouve beaucoup de descriptions.
Exemple : Illusions Perdues, Balzac
- La tonalité didactique : c’est la tonalité du discours d’éducation ou d’enseignement. Elle cherche à être précise mais claire, afin d’expliquer clairement au lecteur pour qu’il puisse apprendre.
Exemple : lettres à Lucillius, Sénèque
- La tonalité oratoire : c’est la tonalité du discours. On y retrouve inévitablement un narrateur, des adresses au public, et énormément de marques de la rhétorique, comme la prosopoppée (faire parler dans le discours un personnage absent) ou la question rhétorique (question qui n’attend pas de réponse, dont la réponse est évidente)
Exemple : Pour Milon, Cicéron
- La tonalité comique : c’est la tonalité qui cherche à faire rire. Cela passe par des personnages ridicules, des jeux de mots et doubles sens, des chocs physiques, etc.
Exemple : Monsieur de Pourceaugnac , Molière
- La tonalité ironique : c’est une tonalité qui cherche à faire rire en se moquant : elle utilise le second degré, des formules qui semblent anodines mais cherchent à faire comprendre au lecteur qu’elles se moquent de la personne ou chose visée.
Exemple : Le portrait d’Emilie de Fontaine dans Le Bal de Sceaux , Balzac
3. les mots-outils du discours
pour marquer une opposition, et ne pas utiliser « mais », en permanence, on peut utiliser « cependant », « en revanche », « néanmoins », « toutefois », « au contraire », « par opposition à cela »…
on peut, pour renforcer l’opposition, utiliser un « certes... » au début de la phrase/proposition précédente. Exemple : « certes, le théâtre peut avoir une visée morale ; cependant, il peut aussi avoir une visée comique et chercher le plaisir. »
ATTENTION : dans un texte argumentatif ou une écriture d’invention sur un texte ancien (XVIe-première moitié du XXe) éviter au maximum « par contre », trop oralisé et inadapté à ce genre d’écrit.
Pour marquer un rapport d’enchaînement entre deux idées, on peut utiliser : « en conséquence », « conséquemment », « par conséquent », « par voie de conséquence... », « de fait », « en effet »…
ATTENTION : dans un texte argumentatif ou une écriture d’invention sur un texte ancien, éviter au maximum «du coup», trop oralisé et inadapté à ce genre d’écrit.
Utiliser des balancements et des structures qui permettent de clarifier et de structurer votre pensée : « dans un premier temps… Puis… Enfin... » ; « Certes… Mais... » « D’une part… mais de l’autre... », etc.
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