Le zeugma
Figure qui consiste à donner deux sens différents à un même mot au sein d’une même phrase
Exemple : mon flingue à la main, j’ai tiré sur ma clope, puis sur le dictateur. La balle l’a touché en pleine tête. Il est tombé, et son empire pourri avec lui.
La syllepse
Comme pour le zeugma, présence d’un seul mot, mais qui a différents sens en même temps ; toutefois, ici, cela ne se fait pas par une construction spécifique
Exemple : Mazarin l'aurait employé, - ses nièces aussi, mais pour une autre raison : il était superbe (Les Diaboliques, Barbey d’Aurevilly)
Il était superbe => il était magnifique
Il était superbe => il était orgueuilleux
L’antithèse & l’oxymore
Antithèse : Présence de deux termes opposés l’un à l’autre dans une même proposition/ dans une même phrase
Exemple : elle avait la peau blanche comme de la porcelaine, et les cheveux noir de jais
≠ oxymore : présence de deux termes opposés dans le même groupe nominal, ou bien entre le nom & le verbe
Exemples : la nuit des morts-vivants
Mon père est un tout petit géant, et ma mère une très grande naine.
Un sourd a entendu son ami muet lui dire qu’un aveugle les observait depuis des heures
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles (Le Cid, Corneille)
L'hyperbole
Figure de style qui vise à exagérer volontairement un fait, une sensation, pour donner un effet sensationnaliste ou comique
Exemple : mon sac à dos pèse au moins trois tonnes !
la Comparaison
manière de qualifier quelque chose en le mettant en relation avec quelque chose d’autre, par le biais d’un mot (comme, tel, etc.)
Ex : la terre est bleue comme une orange
Tu es aussi lent qu’un escargot !
Tel un étalon indomptable, il est parti, sans personne à ses côtés, dans les plaines du Montana
La métaphore
même système qu’une comparaison, mais sans le mot liant le comparant & le comparé
Exemple : ses cheveux, c’est de la paille !
La Synecdoque et la métonymie
Métonymie : usage d’un mot pour un autre, avec un rapport logique qui lie les deux
Exemple : on va boire un verre ? (le contenu du verre)
Synecdoque : type particulier de métonymie, dans lequel une partie désigne un tout, ou une matière un objet
Exemples : assis sur le port, au loin, je vois les voiles naviguer sur la mer (les bateaux a voile)
Ah ! quelle cruauté, qui tout en un jour tue/ Le père par le fer, la fille par la vue ! ( Le Cid , Corneille) (l’épée en fer)
Anadiplose & épanadiplose
Anadiplose : fait de commencer une phrase par le dernier mot de la phrase précédente
Exemple : oui, je parle de lui. Lui à qui je dois la vie.
Épanadiplose: fait de terminer une phrase par le premier mot de celle-ci.
Exemple : rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien (La Conscience, Hugo)
le chiasme
Figure de style qui consiste, à partir de deux éléments A et B, à constituer une structure en croix A/B/B/A dans la phrase.
Le chiasme peut porter :
Exemples : Irène vit dans les Faubourgs de Bourg-la-Reine
Je malaxe un lama
Exemple : j’ai cassé mon verre, et ton assiette est fendue
le parallélisme
Mise en parallèle de deux propositions ou phrases, en utilisant la même construction dans les deux.
Exemples : Lucien avait beaucoup lu, beaucoup comparé ; David avait beaucoup pensé, beaucoup médité . (Illusions perdues, Balzac)
On devra encore imprimer le rêve de l'égalité/ On n'devra jamais supprimer celui de la fraternité (Un jour en France, Noir Désir)
l'anacoluthe
Rupture dans la syntaxe de la phrase
Exemples : Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles, le vent impétueux qui soufflait dans ses voiles… ("La jeune Tarentine", in Bucoliques, Chénier)
Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face du monde en aurait changé. (Pascal)
l'épanorthose
Autocorrection du narrateur durant sa phrase
Exemples : « je te donnerai cinquante, non, soixante euros si tu t’en charges à ma place »
C’est un roc, c’est un pic, c’est un cap / que dis-je, c’est un cap ? C’est une péninsule ! (Cyrano de Bergerac, Rostand)
l'énumération et la gradation
Énumération : succession de différents éléments de même nature, séparés par des virgules, au sein d’une phrase.
Exemple : Allons vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences et des bourreaux. (L’Avare, Molière)
Gradation : sorte d’énumération qui suit une progression logique, où chaque élément est plus intense que le précédent.
Ex : je n'en puis plus; je me meurs, je suis mort, je suis enterré.(L’Avare, Molière)
le lipogramme
Figure de style, ou procédé d’écriture, qui consiste à écrire sans utiliser une lettre précise :
Exemple : Anton Voyl n'arrivait pas à dormir. Il alluma. Son Jaz marquait minuit vingt. Il poussa un profond soupir, s'assit dans son lit, s'appuyant sur son polochon. Il prit un roman, il l'ouvrit, il lut; mais il n'y saisissait qu'un imbroglio confus, il butait à tout instant sur un mot dont il ignorait la signification. Il abandonna son roman sur son lit. Il alla à son lavabo; il mouilla un gant qu'il passa sur son front, sur son cou. Son pouls battait trop fort. Il avait chaud. Il ouvrit son vasistas, scruta la nuit. Il faisait doux. Un bruit indistinct montait du faubourg. Un carillon, plus lourd qu'un glas, plus sourd qu'un tocsin, plus profond qu'un bourdon, non loin, sonna trois coups. Du canal Saint-Martin, un clapotis plaintif signalait un chaland qui passait. (La Disparition, Perec : pas de E dans tout le texte !)
L'assonance & l'allitération
Répétition d’un son au sein d’une proposition ou d’une phrase
Assonance : répétition d’un son voyelle
Allitération : répétition d’un son consonne
Exemples : pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes (Andromaque, Racine)
Mais ce soir cet enfant/ Qui attend depuis longtemps/ D'enfermer les temps forts/De son enfer dans une amphore (Impunis Eternels, Mrs Yéyé)
Moyen mnémotechnique : assonance : voyelle / allitération : consonne
l'anaphore et l'épiphore
Répétition d’un même groupe de sons ou d’un même mot :
pour l'anaphore : Au début d’un groupe de phrases ou de propositions
Exemple : Son port est innombrable et sinistre de croix, / Vergues transversales barrant les grands mâts droits. / Son port est pluvieux de suie à travers brumes, / Où le soleil comme un œil rouge et colossal larmoie. / Son port est ameuté de steamers noirs qui fument / Et mugissent, au fond du soir, sans qu’on les voie. / Son port est fourmillant et musculeux de bras / Perdus en un fouillis dédalien d’amarres. / Son port est concassé de chocs et de fracas / Et de marteaux tonnant dans l’air leurs tintamarres. ("Le Port", in Les Villes tentaculaires , Verhaeren)
pour l'épiphore :À la fin d’un groupe de phrases ou de propositions
Exemple : Je veux que chacune et chacun puisse travailler dans notre pays plus facilement, que les entrepreneurs embauchent plus facilement, que les entrepreneurs investissent plus facilement, mais que chacune et chacun puisse aussi travailler plus facilement et soit mieux récompensé de son travail. (E. Macron)
Le Tautogramme
Type spécial d’assonance ou d’alitération, dans lequel tous les mots commencent par la même lettre ou le même son
Exemple : six sadiques souilleront son si superbe salon, si Salomé sympathise si subitement sans se soucier.
La contrepèterie
Phrase, proposition, expression dans laquelle on peut intervertir certains sons pour en changer le sens
Elle peut être volontaire… :
Jean Sol-Partre (L’Ecume des jours, Vian) => Jean-Paul Sartre
...Comme involontaire :
La Banque Postale => La poste bancale
Le kakemphaton
Figure de style presque exclusivement involontaire, qui arrive lorsque les sonorités des vers ou des répliques d’une pièce laissent entendre autre chose que ce qui était dit à l’origine
Exemples : « je suis romaine, hélas, puisque mon époux l’est » (Horace, Corneille)
=> je suis rot, Ménélas, puisque mon nez-poulet
« le désir s’accroît quand l’effet se recule » (Polyeucte martyr, Corneille)
=> le désir s’accroît quand les fesses reculent
La paronomase
Figure de style qui consiste à utiliser un mot phonétiquement proche d’un autre afin de laisser entendre les deux du même coup
Exemples : Mais moi, la barre du bourreau s'était, au premier coup, brisée comme un verre (« Un rêve », in Gaspard de la nuit, Bertrand)
=> comme un vers
Plongez le ciel dans le noir /Je serai le plus gros des astres /le plus gros des astres (Je suis une Etoile, Mrs Yéyé)
=> le plus gros désastre
L'homéotéleute
Répétition d’une même sonorité à la fin de plusieurs propositions ou phrases ; c’est l’équivalent en prose de la rime
Exemple : pas de stress, y’a point S
Sans alcool, la fête et plus folle
la prosopopée
Action de faire parler une personne absente à ce moment là
Exemple : si Socrate était encore en vie à l’heure actuelle, je suis sûr qu’il dirait être fier de la transmission de sa sagesse
La prétérition
Action d’annoncer que l’on ne va pas dire/parler de quelque chose, avant d’en parler
Exemple : la salade était fade, et je ne vous parle même pas du steak ! De la semelle ! Immangeable !
La question rhétorique
Question dont la réponse est implicite, et qui n’attend donc pas de vraie réponse de la part de celui à qui l’on la pose
Exemple : Athéniens ! Allez-vous vraiment laisser Philippe voler la liberté de votre cité ?
La litote
figure qui consiste à dire le moins, de manière atténuée (« pas très », « peu »...) ou niée (« pas »...), pour exprimer le plus
exemple : c’est pas mauvais => c’est bon
c’est pas vraiment rassurant => c’est inquiètant
Va, je ne te hais point (Le Cid , Corneille) => je t’aime
l’euphémisme
atténuation d’une réalité trop violente pour la dire
exemple : Il nous a quitté cette nuit => il est mort
la personnification
fait de donner des caractéristiques humaines à un être ou un objet qui n’est pas humain
exemples : le distributeur de billets a avalé ma carte bleue
notre centre aéré accueille vos enfants à bras ouverts
l’allégorie
très proche de la personnification, l’allégorie est le fait de faire d’un élément physique (une ville, un pays, un objet, une personne) le symbole d’une valeur morale
exemples : dans la Bible, la pomme est l’allégorie du péché, et le serpent est l’allégorie de la tentation ; dans la Fable « Le Corbeau et le renard », le renard est une allégorie de la vantardise