Les Fourberies de Scapin est une farce, une pièce comique de Molière. Celle-ci se fonde, comme beaucoup de pièces de l’auteur, sur une histoire entre deux jeunes gens amoureux, mais dont les parents refusent le mariage, car ils désirent réaliser un mariage qui leur permettra de gagner de l’argent plutôt qu’un qui rendra leurs enfants heureux. Scapin, figure du valet rusé et roublard , cherche à permettre aux jeunes gens de s’aimer, tout en s’amusant : ici, il veut se venger de Géronte, son maître ainsi que le père de Léandre, qui refuse que celui-ci se marie avec Zerbinette, car elle est orpheline et n’a pas de parents riches. Pour cela, il lui fait croire qu’il est recherché par des ennemis, et lui explique sa stratégie pour le sauver…
SCAPIN : […] Il faut, dis-je, que vous vous mettiez là-dedans, et que vous gardiez de remuer en aucune façon. Je vous chargerai sur mon dos, comme un paquet de quelque chose, et je vous porterai ainsi au travers de vos ennemis, jusque dans votre maison, où quand nous serons une fois, nous pourrons nous barricader, et envoyer querir main-forte contre la violence.
GÉRONTE : L’invention est bonne.
SCAPIN : La meilleure du monde. Vous allez voir. (À part.) Tu me payeras l’imposture.
GÉRONTE : Eh ?
SCAPIN : Je dis que vos ennemis seront bien attrapés. Mettez-vous bien jusqu’au fond, et surtout prenez garde de ne vous point montrer, et de ne branler pas, quelque chose qui puisse arriver.
GÉRONTE : Laisse-moi faire. Je saurai me tenir…
SCAPIN : Cachez-vous : voici un spadassin qui vous cherche. (En contrefaisant sa voix.) « Quoi ? jé n’aurai pas l’abantage dé tuer cé Geronte, et quelqu’un par charité né m’enseignera pas où il est ? » (À Géronte de sa voix ordinaire.) Ne branlez pas. (Reprenant son ton contrefait.) « Cadédis, jé lé trouberai, sé cachât-il au centre dé la terre. » (À Géronte avec son ton naturel.) Ne vous montrez pas. (Tout le langage gascon est supposé de celui qu’il contrefait, et le reste de lui.) « Oh, l’homme au sac ! » Monsieur. « Jé té vaille un louis, et m’enseigne où put être Geronte. » Vous cherchez le seigneur Géronte ? « Oui, mordi ! jé lé cherche. » Et pour quelle affaire, Monsieur ? « Pour quelle affaire ? » Oui. « Jé beux, cadédis, lé faire mourir sous les coups de vaton. » Oh ! Monsieur, les coups de bâton ne se donnent point à des gens comme lui, et ce n’est pas un homme à être traité de la sorte. « Qui, cé fat dé Geronte, cé maraut, cé velître ? » Le seigneur Géronte, Monsieur, n’est ni fat, ni maraud, ni belître, et vous devriez, s’il vous plaît, parler d’autre façon. « Comment, tu mé traites, à moi, avec cette hautur ? » Je défends, comme je dois, un homme d’honneur qu’on offense. « Est-ce que tu es des amis dé cé Geronte ? » Oui, Monsieur, j’en suis. « Ah ! cadédis, tu es de ses amis, à la vonne hure. » (Il donne plusieurs coups de bâton sur le sac.) « Tiens. Boilà cé que jé té vaille pour lui. » Ah, ah, ah ! ah, Monsieur ! Ah, ah, Monsieur ! tout beau. Ah, doucement, ah, ah, ah ! « Va, porte-lui cela de ma part. Adiusias. » Ah ! diable soit le Gascon Ah ! (En se plaignant et remuant le dos, comme s’il avoit reçu les coups de bâton.)
GÉRONTE, mettant la tête hors du sac. : Ah ! Scapin, je n’en puis plus !
SCAPIN : Ah ! Monsieur, je suis tout moulu, et les épaules me font un mal épouvantable.
Les Fourberies de Scapin , Molière, 1671 ; Acte III scène 2
à partir de ce texte, vous imaginerez une petite scène comique dans laquelle un personnage se déguise pour échapper à un autre. Vous écrirez ce texte comme un dialogue théâtral en prose, à la manière de Molière.