Histoire de la tragédie française

I. La période antique

La tragédie naît durant l’antiquité grecque, aux alentours du Ve siècle av. J.C, où elle est représentée dans le cadre de grandes fêtes à Athènes, les grandes Dionysies (fêtes en l’honneur de Dionysos, dieu du vin, de la fête et du théâtre). Elle est jouée dans des grands théâtres publics, par des acteurs masqués, et accompagnés d’un chœur qui chante sur quelques parties de la pièce.

Beaucoup de textes n’ont pas été conservés et ont disparu. Il n’y a que trois auteurs tragiques grecs dont on ait gardé plusieurs pièces : Sophocle (Œdipe Roi, Antigone), Eschyle (Les Perses) et Euripide (Electre, Médée)

Durant l’antiquité romaine, la tragédie perd en popularité, et Sénèque le seul auteur de tragédie romaine dont on ait gardé plusieurs pièces : Agamemnon, Médée, Phèdre

II. Du moyen-âge à la renaissance

Au moyen-âge, la tragédie disparaît presque complètement, remplacée par les mystères (pièces religieuses durant parfois plusieurs jours) et par les farces. Elle réapparaît peu à peu à la renaissance (XVIe siècle), avec des auteurs comme Robert Garnier ; mais c’est en Angleterre que les tragédies les plus célèbres de l’époque seront écrites, sous la plume de William Shakespeare.

III. Le théâtre classique au XVIIe siècle

au XVIIe siècle, et plus précisément dans les années 1630 à 1670, le théâtre devient extrêmement important en France – et surtout à Paris – grâce aux rois Louis XIII et Louis XIV, et plus particulièrement grâce au cardinal de Richelieu. En effet, il fait transformer plusieurs salles de jeu de paume (un sport proche du tennis ou de la pelote basque) en théâtres, sécurise ceux-ci notamment en interdisant le port d’armes au sein du théâtre, offre à plusieurs troupes de théâtre une salle permanente où ils pourront régulièrement jouer devant le roi (en effet, la plupart des troupes de théâtre étaient nomades et se représentaient dans toutes la France en fonction de là où on les accueillait), subventionne plusieurs auteurs dramatiques et fait la promotion du théâtre français dans toute l’Europe. Le théâtre était alors extrêmement codifié, soumis à des règles strictes (règle des trois unités, de vraisemblance, de bienséance) et très censuré ; ainsi, Le Tartuffe de Molière a dû être réécrit, car il avait été censuré pour sa représentation de l’Église et de la foi chrétienne. De plus, les tragédies sont nécessairement écrites en vers, et plus précisément en alexandrins.

Les deux auteurs de tragédie les plus importants de cette période sont :

beaucoup d’autres auteurs du XVIIe siècle ont été très célèbres à l’époque, mais ont depuis été peu à peu oubliés. C’est le cas de Thomas Corneille, de Tristan l’Hermite, d’Alexandre Hardy, ou encore de Jean Rotrou.

IV. des lumières aux romantiques (XVIIIe-XIXe siècles)

après les décès successifs de Molière, Corneille et Racine, la tragédie évolue peu à peu. Si celle-ci continue à exister dans sa forme « classique », notamment grâce aux œuvres de Voltaire (La Mort de César, Oedipe, Mahomet le prophète ), un nouveau genre se développe peu à peu : le drame bourgeois, qui met en scène des intrigues fondées sur la violence des passions et sur la catharsis, mais avec des héros bourgeois et populaires (là où les héros de la tragédie sont nobles). De plus, l’esprit des lumières commençant à revendiquer l’importance du peuple face au pouvoir royal, certaines pièces mettent en scène des héros dont l’origine est de moins en moins noble ; c’est le cas du Spartacus de Saurin.

au XIXe siècle, les auteurs romantiques refusent les règles trop strictes de la tragédie (trois unités, bienséance, alexandrin classique...) et créent, eux aussi, un nouveau genre qui s’affranchit de ces règles : le drame romantique. Ainsi, Hernani de Victor Hugo représente un suicide directement sur scène, Ruy Blas (du même auteur) raconte l’histoire d’amour entre une reine et un valet, Lorenzaccio de Musset est écrit en prose...

V. La tragédie aujourd’hui (XXe-XXIe siècles)

la tragédie connaît un regain d’intérêt dans la première moitié du XXe siècle, dans une définition beaucoup plus large que celle du XVIIe : on parle de tragédie lorsque la pièce se finit mal, et/ou par la mort d’un personnage. Elle est notamment remise au goût du jour par la réécriture d’Antigone par Jean Anouilh, et par les pièces tragiques de Paul Claudel, dont le sujet est très souvent religieux, et qui sont écrites dans un style très poétique, utilisant beaucoup d’images et de métaphores. C’est par exemple le cas de L’annonce faite à Marie.

Dans la seconde moitié du XXe siècle (et jusqu’au XXIe), les tragédies traitent de plus en plus de sujets d’actualité et de faits divers. C’est parfois leur sujet principal, comme dans Les Bonnes de Jean Genet, inspiré du meurtre de deux femmes par leurs bonnes, ou dans Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès, dont le personnage est inspiré du tueur en série Roberto Succo ; mais c’est parfois juste un thème abordé au sein de l’œuvre, comme les conflits au proche-orient dans Incendies de Wajdi Mouawad, ou les attentats du Bataclan dans J’ai pris mon père sur les épaules de Fabrice Melquiot.

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